Actualité d’automne / hiver 2010
Édito d’automne : Non pas contre, mais par-dessus
Ce matin, comme souvent en période de grève des transports, nous sommes plusieurs parents à nous retrouver sur le parking de la gare de notre petit village de fond de vallée. Nous nous organisons, nous complétons nos voitures. La grève a cet avantage de nous entraîner à la solidarité et à nous apprendre à tenir compte de l’autre, même si dans un premier temps elle nous complique terriblement la vie.
Nous discutons un peu et j’entends mes copains se réjouir : « ça y est, enfin le système explose ! » En rentrant chez moi, je sens que cette phrase résonne dans ma tête d’une façon désagréable. Ce propos me pose question et me donne l’occasion de clarifier ma position et de ressentir quelle conviction je me forge par rapport à ce point de vue.
J’analyse, je décortique, je laisse décanter aussi, et là émerge la pensée qui me correspond. Bien sûr je suis d’accord pour dire que le « système » actuel n’est plus acceptable car il n’est plus du tout respectueux de l’humain et que les pressions financières, économiques et politiques empêchent les hommes de s’épanouir et de vivre ensemble sereinement.
Mais, pour autant, plutôt que de soutenir des forces de destruction, incarnées notamment par des positions radicales et extrémistes, je propose que nous mettions en œuvre des forces de transformation.
Je voudrais contribuer à faire grandir des initiatives qui inventent d’autres façons de vivre ensemble. Plutôt que de passer de l’énergie à être « contre » le système et anti-ceci ou anti-cela, je préfère, comme l’évoquait Dominique Guillet dans le film de Coline Serreau "Solutions locales pour un désordre global" (qui sort en DVD le 2 novembre) : créer des ponts par-dessus les multinationales.
Imaginez : si toute l’énergie investie ces jours-ci pour lutter contre le gouvernement avait été utilisée pour construire des systèmes alternatifs, fraternels et conviviaux… le combat serait gagné.
Fabienne KOHLER, 18 octobre 2010